AÉHMO

Présentation

Pour son quarantième numéro, la revue Cahiers d’histoire du mouvement ouvrier propose un dossier sur les travailleuses et travailleurs enfermé·e·s.

En Suisse, aux XIXe et XXe siècles, des milliers de personnes ont été contraintes de travailler dans un contexte d’enfermement. Elles étaient emprisonnées sur une décision d’une autorité judiciaire ou internées par une instance administrative, ou encore placées avant leur majorité dans une institution dite d’éducation. Différents types d’asiles ont aussi promu des formes de rééducation par le travail, qui cachaient de fait une contrainte mal déguisée.

Ces travailleuses et travailleurs enfermé·es apparaissent dans les marges des histoires de leurs lieux de détention.
Ce numéro des Cahiers d’histoire du mouvement ouvrier a pour objectif de leur donner une place centrale en questionnant les rapports entre travail contraint et travail dit libre, mais également en examinant la place du travail dans les régimes de justification de l’enfermement : thérapie, moralisation, resocialisation telles sont les vertus du travail alléguées par les directions des lieux de réclusion.

Un discours justificateur qu’il convient de questionner en examinant les fonctions plus prosaïques que remplit le travail enfermé : fourniture de main-d’œuvre à bon marché, réduction du coût de l’enfermement, mise en scène de la peine. Outre ce questionnement fondamental, les articles de ce dossier cherchent à restituer, dans la tradition de l’histoire du mouvement ouvrier, la marge de manœuvre dont disposent ces travailleuses et travailleurs pour résister, refuser ou améliorer leurs conditions de travail et de détention.