AÉHMO

Présentation

Trois articles d’historiens qui montrent que la langue de bois se nourrit d’idéologie. Les deux premiers mettent en évidence l’anticommunisme sévissant après la grève générale de 1918, alors que le troisième étudie l’antiaméricanisme dans le journal du Parti ouvrier populaire. Marc Vuilleumier montre que l’arrestation d’un étudiant en médecine à Lausanne pour des propos tenus sur la place St-François avec un camarade mobilisé pour réprimer le grève, puis sa comparution devant un tribunal militaire et sa condamnation à 3 mois de prison, traduisent la volonté du pouvoir de réprimer le socialisme et de venger l’armée, laquelle aurait été frappée par une reprise de l’épidémie de grippe. Il s’agit donc d’un procès politique, comme celui intenté 15 ans plus tard aux moniteurs des Avant-coureurs, d’avoir fait porter par les scouts de gauche un foulard rouge, alors qu’un arrêté du Conseil fédéral venait d’interdire le port d’uniformes ou autres signes dénotant une appartenance politique. Cette fois la supercherie est trop énorme et le tribunal de police de Lausanne acquitte les accusés, comme nous l’indique Michel Busch qui produit des pièces d’archives récemment déposées au fonds d’archives de l’AÉHMO. Enfin, Pierre Jeanneret a déchiffré la Voix ouvrière de 1945 à 1953, l’année où le journal en appelle à une mobilisation pour sauver les époux Rosenberg. Certes, l’historien ne s’étonne pas de la montée de l’antiaméricanisme en réponse au maccarthysme de la guerre froide, mais il en relève les excès langagiers et souligne le caractère unilatéral des dénonciations, alors qu’en même temps les aveux arrachés aux victimes des procès staliniens à Bucarest, Budapest ou Prague, sont présentés comme pure vérité.