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Cahier n°11 et n°12

AÉHMO & Éditions d'en bas.

1996, 166 p.

Présentation

Charles Heimberg dépouille les archives de Sécheron et remarque que ces documents ont été remis par un employé de la maison qui en avait fait le tri. Quasi silence sur la période de l’entre-deux-guerres où il y eut beaucoup de conflits sociaux. Par contre la documentation abonde quand fut fondée la Commission du personnel en 1937 et que la paix du travail ramena les employés sous la houlette de la direction. Quelle aubaine, notre génération d’historiens a eu accès aux archives soviétiques, dit Brigitte Studer et constate que l’Internationale a eu la manie du secret, nécessaire pour garantir la clandestinité des réseaux qui oeuvraient dans un monde hostile à l’URSS. Cependant, le secret permettait au Komintern de contrôler les partis nationaux et d’éliminer les éléments jugés trop autonomes du pouvoir soviétique. « Histoire et mémoire » c’est le titre que Luc van Dongen donne à cet article sur le contreversé Léon Nicole. Certes, le tribun genevois est la plupart du temps décrié, surtout depuis la création d’une dissidence socialiste à la veille de la guerre, puis son ralliement au Parti du Travail à la fin du conflit. Cendant, revenant sur le gouvernement de Nicole, l’historien montre que cette victoire de la gauche est advenue au pire moment de la Grande crise et que la gestion de l’État s’est réalisée en améliorant les finances publiques, ce que la droite revenue au pouvoir a refusé d’admettre. Pascal Holenweg tire de son mémoire en gestation quelques faits illustrant l’impact de la guerre d’Algérie sur l’opinion en Suisse, en commençant par le suicide du procureur de la Confédération, René Dubois, compromis par sa collaboration avec les renseignements français. Sont cités les différents réseaux qui ont soutenu la décolonisation de l’Algérie, l’impression clandestine de journaux ou de tracts, les porteurs de valise. L’auteur analyse la position ambiguë des socialistes avec des militants solidaires du FLN et la direction du parti qui soutient le Président du Conseil Guy Mollet. L’article se termine sur l’offre des bons offices helvétiques et l’accueil de la délégation algérienne pendant les négociations à Evian. Le tunnel du Mont d’Or fut percé de 1910 à 1913 et Claude Cantini rend compte des luttes syndicales en citant et commentant tout un choix de documents: articles de journaux, rapports de polices, instructions de la commune de Vallorbe ou de l’État de Vaud, directives des entreprises. Cette méthode suggère l’ambiance du chantier et le sort difficiles des ouvriers, souvent des italiens saisonniers. Quant à Charles-F. Pochon, il évoque la personnalité de René Bertholet, en publiant une chronologie de ses luttes contre le nazisme et son soutien à la résistance française, avant qu’il ne s’exile au Brésil pour y fonder une coopérative agricole.

Sommaire

  • Charles Heimberg, Révélations et silences d’un fonds d’archives d’entreprise: le cas de Sécheron (pp. 7-16)
  • Brigitte Studer, Le “secret d’organisation” comme pratique du pouvoir: à propos de la connaissance historique après l’ouverture des archives du Komintern (pp. 17-34)
  • Luc van Dongen, Léon Nicole (1885-1965) : histoire et mémoire (pp. 35-72)
  • Pascal Holenweg, La gauche suisse et la guerre d’Algérie : le diplomate et le porteur de valise (pp. 73-99)
  • Claude Cantini, Documents sur les luttes syndicales au Tunnel du Mont d’Or (Vallorbe, 1910-1913) (pp. 100-139)
  • Charles-F. Pochon, René Bertholet 1907-1969 (pp. 140-147)
  • Notes et comptes rendus